Les troubles du comportement alimentaires (TCA) à Alfortville

Qu'est-ce que c'est ?

Les troubles du comportement alimentaires (TCA) sont connus de la médecine depuis des siècles. Pourtant, leur origine reste non identifiée. Ils semblent assimiler, au moins pour certains, à une forme particulière d’addiction comportementale (voir ma page à ce sujet).

Quoiqu’il en soit, leur apparition serait multifactorielle et étroitement liée au contexte socio-culturel. Ainsi, le culte de l’apparence semble avoir conduit au doublement des cas de TCA en moins de 20 ans. Autrefois plutôt prévalent chez les femmes, les TCA touchent plus en plus d’hommes. En parallèle, les préoccupations liées à l’image du corps semblent commencer plus jeune, avant la puberté.

Il est depuis longtemps question de l’influence de la mode vestimentaire et des canons de beauté. La diffusion de celle-ci était toutefois limitée aux médias « classiques » : presse, télévision, affichage publicitaire... S’ajoutent aujourd’hui l’expansion d’internet et des réseaux sociaux, qui véhiculent non-stop à la fois les silhouettes « idéales » du moment, mais également les publicités pour différentes méthodes de régime (3/4 des adolescentes auraient déjà fait un régime), de chirurgie esthétique et de (re)mise en forme.

Difficiles à diagnostiquer, les TCA impliquent souvent des complications médicales en raison de leur prise en charge tardive. Certains TCA passent d’autant plus inaperçus qu’ils peuvent être confondus avec une forme de discipline à gérer son alimentation. Cette apparente maîtrise sera valorisée culturellement, comme pour quelques addictions comportementales (travail, activité physique notamment), dans une société qui prône la performance.

Communément, tout le monde connaît au moins de nom l’anorexie ou la boulimie. Mais qu’est-ce réellement qu’un TCA ?

ALEXANDRA HUMBERT, sophrologie à Alfortville

La notion de TCA

Un TCA est un ensemble d’un changement d’attitude et de fonctionnement concernant principalement la nourriture et le rapport au corps.

Le développement d’un TCA est souvent précédé d’une période de restrictions alimentaires. D’abord en termes de qualité : la personne ne mange pas assez pour son âge et sa taille. Également en quantité : les aliments consommés sont choisis en fonction de leurs bienfaits plus ou moins supposés.

Par ailleurs, la personne qui développe un TCA perçoit de manière particulière la forme de son corps et son poids, ainsi que l’influence que sa silhouette peut avoir sur son intégration sociale et sa réussite professionnelle. L’estime qu’elle se porte est influencée par ces croyances. Cela s’accompagne de manœuvres pour cacher son corps ou, au contraire, pour l’exhiber. Des troubles dysmorphiques peuvent s’installer, se caractérisant par une attention exagérée portée à une partie du corps.

De plus, la personne atteinte de TCA peut catégoriser les aliments en fonction de critères discriminants et propres à chaque trouble : aliments lourds vs aliments légers en cas de boulimie ; aliments faciles à digérer vs aliments difficiles à digérer, naturels vs artificiels, autorisés vs interdits en cas d’anorexie.

Enfin, le déni quant à l’existence d’un trouble est caractéristique des TCA, ce qui retarde leur identification et leur prise en charge.

Les principaux types de TCA

La boulimie

La boulimie est diagnostiquée lorsque ces conditions sont réunies :

  • Crises d’hyperphagie, qui se déroulent en 3 phases :

    • Avant : excitation due à la consommation de nourriture imminente, accompagnée d’anxiété et d’irritabilité

    • Pendant : consommation alimentaire survenant brutalement, incontrôlable et très excessive de produits très caloriques et faciles à consommer, intervenant de manière furtive et précipitée, parfois sans mastication. Cette phase prend fin lorsque la personne est interrompue par l’arrivée d’une tierce personne, lorsqu’il n’y a plus rien à consommer ou lorsque les douleurs dues à la prise alimentaire sont trop fortes.

    • Après : malaise intense physiquement (douleurs digestives, maux de tête, nausées…) et psychologiquement (culpabilité, dégoût honte…)

  • Depuis plus de 3 mois

  • Avec au moins une crise par semaine

  • Accompagnées d’une impression de perte de contrôle des quantités de nourriture ingérée ou de la capacité à s’arrêter

  • Suivies de comportements compensatoires pour éviter la prise de poids :

    • Vomissements provoqués

    • Prises de purgatifs : laxatifs et diurétiques

    • Jeûne

    • Exercice physique excessif

Les effets secondaires sont essentiellement dus aux comportements compensatoires. Par exemple :

  • Épuisement des reins, déshydratation et œdèmes dus à la prise de diurétiques

  • Ulcère et cancer digestif dus aux vomissements répétés

  • Dépendance aux laxatifs

La personne présentant ce TCA est aussi plus susceptible d’être irritable et d’avoir des sautes d’humeur. Elle peut également développer une anhédonie sociale c’est-à-dire une perte d’intérêt pour les activités et une démotivation à les pratiquer. Enfin, la boulimie évoquant une perte de contrôle, elle constitue un facteur de risques de présenter une addiction comportementale ou à une substance psychoactive.

Les accès hyperphagiques

Moins connus que les TCA précédents, les accès hyperphagiques seraient le TCA en plus forte croissance ces dernières années et toucheraient d’avantage d’hommes que les autres.

Voici leurs caractéristiques :

  • Consommation alimentaire survenant brutalement, incontrôlable et très excessive de produits très caloriques et faciles à consommer, intervenant de manière furtive et précipitée, parfois sans mastication

  • Depuis plus de 3 mois

  • Avec au moins 3 crises par semaine

  • Suivie d’une détresse psychologique importante

  • Associée à au moins 3 des 5 critères suivants :

    • Consommation d’aliments plus rapide que la normale

    • Consommation jusqu’à ressentir une distension abdominale désagréable

    • Consommation de grandes quantités d’aliments sans avoir faim

    • Consommation solitaire en raison de la honte liée aux quantités excessives ingérées

    • Émotions négatives ressenties après la crise : culpabilité, honte, etc.

L’orthorexie

Il s’agit de l’attention excessive portée sur la qualité de la nourriture. Elle implique l’exclusion de certains aliments, jugés malsains. L’alimentation saine est une obligation et une préoccupation permanente, source d’angoisse et de culpabilité, qui conduit la personne atteinte à consacrer beaucoup de temps à se documenter sur les régimes alimentaires les plus sains, voire les plus extrêmes.

Le pica

Rare, ce TCA consiste en la consommation de produits non comestibles (terre, caillou, plastique…) pendant plus d’un mois et ne correspondant pas au comportement habituel à l’âge de l’individu (chez le très jeune enfant, cette consommation peut être associée à la découverte de l’oralité).

L’anorexie mentale

L’anorexie est une perte d’appétit qui peut être causée par un problème métabolique, une prise de médicaments ou une maladie de l’appareil digestif. Il s’agit alors d’anorexie secondaire, non mentale.

L’anorexie mentale n’a aucun lien avec ces causes. Elle répond à plusieurs caractéristiques :

  • Une diminution drastique de la quantité de nourriture ingérée

  • Une réduction considérable des types d’aliments acceptés

  • Une perception altérée de la forme de son corps ou de son poids

  • Un déni de la gravité de la maigreur

  • Un amaigrissement important et rapide, avec un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 17 et le maintien d’un poids inférieur à 85 % du poids attendu.

L’anorexie mentale se présente sous deux formes :

  • L’anorexie restrictive : l’amaigrissement est uniquement dû aux restrictions alimentaires, éventuellement soutenu par la pratique d’exercices physiques intenses

  • L’anorexie avec comportements hyperphagiques et purgatifs : l’anorexie alterne avec des phases de boulimie notamment lorsque, la faim devenant obsessionnelle en raison des restrictions de prises alimentaires, la personne cède à la compulsion de se nourrir immédiatement et en quantités excessives. Généralement, ces épisodes sont suivis de vomissements provoqués et de prises de purgatifs (laxatifs et diurétiques). Actuellement, ce classement comme sous-type d’anorexie mentale est remis en question. À terme, ce TCA pourrait être rapproché de la boulimie.

À l’installation du trouble, l’individu peut ressentir satisfaction et euphorie à réussir à se contrôler, encouragé par son entourage. Progressivement, l’obsession s’installe ; elle augmente en même temps que la perte de poids.

Elle s’accompagne généralement de rituels entourant la prise alimentaire : pesée de aliments, découpage en très petits morceaux. D’autres rituels peuvent également s’installer dans la vie de tous les jours : rangement et nettoyage obsessionnels, horaires très stricts. Ces comportements de contrôle seraient des tentatives de dompter l’anxiété due aux besoins physiologiques non satisfaits à cause des restrictions alimentaires. Ces rituels peuvent conduire la personne anorexique à devenir tyrannique avec son entourage.

Enfin, la personne anorexique peut mettre en place des conduites d’évitement, comme la consommation de liquides pour tromper la faim.

À plus ou moins long terme, des effets secondaires se développent : aménorrhées, arythmie cardiaque, ostéoporose précoce, lanugo, chute des cheveux, déchaussement des dents, perte des capacités intellectuelles, désespoir... Généralement, le décès d’une personne anorexique est lié à la survenue d’une maladie contre laquelle le corps n’est plus apte à se défendre ou est directement dû à son état de faiblesse : arrêt cardiaque. La vie de la personne anorexique est immédiatement en danger lorsque l’IMC devient inférieur à 15.